Sonnets pour Hélène

Te regardant assise auprès de ta cousine,
Belle comme une aurore et toi comme un soleil,
Je pensais voir deux fleur d'un même teint pareil,
Croissante en beauté, l'une à l'autre voisine

La chaste,sainte, belle et unique Angeline
Vite comme un éclair sur moi jeta son oeil.
Toi, comme paresseuse et pleine de sommeil,
D'un seul petit regard tu ne m'estimas digne.

Tu t'entretenais seule le visage abaissé,
Pensive toute à toi, n'aimant rien de toi-même,
Dédaignant un chacun d'un sourcil ramasser,
Comme une qui veut qu'on la cherche qu'on l'aime.
J'eus peur de ton silence et m'en allait tout blème
Craigant que mon salut n'eût ton oeil offenser

Pierre de Ronsard