A la demande de Fleur Noire... un peu de poésie moins classique... en l'occurrence quelques extraits d'un recueil de Jacques Roman, un ami...
Dans l’étreinte, par l’étreinte, se lève l’astre où à nouveau l’alliance est reconduite, pure révolution de l’amour qui t’engendre neuf, ouvert, béant à la chance de la matière et de l’immensité. Moi s’y disperse en un toi sauvage hors de raison et de calcul.
L’étreinte, comète au lit d’un ciel éblouissant.
Etreinte soudaine du coeur essoufflé à distance de la chair aimée comme si la mort entrait dans le cadre.
Tu n’avais devant le cercueil que deuil d’étreintes et l’étreinte ultime était là, intime d’une source à jamais disparue où tu ne pourrais jamais te rendre que dépecé. Ton corps était l’autel de ta foi barbare. L’orgue rejouait la pompe des nuits anciennes embaumées par la fraîcheur des fleurs.
Et l’étreinte toujours hante le veilleur penché sur l’étreinte et son murmure de lèvres à lèvres rapporté : « Donne-moi ma chair ».
Etreinte, l’étreinte de la vague et du sable, étreinte hypnotique lorsqu’à nos yeux la vague en son reflux caresse le sable humide et que celui-ci, corps frémissant de milliards de paillettes, en aspire l’écume.
En l’étendue de la nudité la vue est cet espace où l’étreinte fond sur le coeur.
- Jacques Roman, L'Aire des étreintes