Psyché , ma soeur , écoute immobile ,et frissonne :
Le bonheur vient , nous touche , et nous parle à genoux ;
Pressons nos mains , soit grave ... écoute encor : personne
N'est plus heureux ce soir , n'est plus divin que nous .
Une immense tendresse attire à travers l'ombre
Nos yeux presque fermés . que reste-t-il encor
Du baiser qui s'apaise et du soupir qui sombre...
La vie à retourné notre sablier d'or .
C'est notre heure éternelle, eternellement grande ;
L'heure qui va survivre à l'éphémère amour
Comme un voile embaumé de rose et de lavande
Conserve après cent ans la jeunesse d'un jour !
Plus tard , ô ma beauté , quand des nuits étrangères
Auront passés sur vous qui ne m'attendrez plus
Quand d'autre , s'il se peut , amis aux mains légères ,
Jaloux de mon prénom , toucheront ton pied nu
Souvenez vous qu'un soir nous vécumes ensemble
L'heure unique où les dieux accordent un instant
A la tête qui penche , à l'épaule qui tremble
L'esprit pur de la vie en fuite avec le temps .
Souvenez vous qu'un soir , couchés sur notre couche
En caressant nos doigts fremissant de s'unir
Nous avons partagés de la bouche à la bouche
La perle impérissable où dort le souvenir .