Me voici torturé et meurtri
Par désir de folle tyrannie.
Je me voudrais guéri :
Mes seuls remèdes demeurent mes erreurs.
J'en appelle au calme. Point de calme en mon cœur
Que foule une houle océane
Qui me bat à trépas quand sur moi s'abat la nostalgie
Où quelque blessé gémit.
Mer qui tourmente ses côtes
Comme barreaux de prisonnier.
Anathème sur elle, nostalgie, sur la liqueur
De peine qu'elle offre à son hôte, jour et nuit.
Je l'avais élevée, pourtant, comme un enfant,
Avec tant d'oubli, de piété.
Voici l'enfant majeur.
Il a poussé comme au jardin la fleur.
Il revendiqua ma jeunesse et mon sang,
Pour se nourrir, pour me tuer.
Dans les nuits noires, mon agrippé
Me désirait seul pour ami.
Son murmure me parle.
Son ombre m'accompagne.
Sur mon visage, son haleine s'embrase
Comme souffle de volcan.
Et nous prend la nuit grandiose :
Pour les malheureux, point d'abri,
Malheureux comme la nuit
Ibrâhîm Nâji